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Braderie de l'art 30 ANS

30 ANS

A l’origine une rencontre, le hasard d’un lieu devenu Musée, et d’un événement fêtant son anniversaire. L’occasion évidente d’un croisement, d’un retour là où s’était déroulée la toute première des éditions de la Braderie de l’Art.

Naît une exposition, retraçant "30 ans de la Braderie de l’Art", prévue pour se dérouler du 7 novembre 2020 au 7 février 2021. Accompagnant l’exposition, un catalogue, avec les textes de Geneviève Sabaté, les photos de la Braderie de l’Art par Jacob Khrist, Sophie Stalinikiewicz, Renaud Wailliez et les photos d'œuvres par Didier Knoff. Si nous n’avons pas pu avoir la chance de vous montrer les œuvres “en vrai”, c’est maintenant l’occasion de découvrir cette exposition, et quelques extraits des textes beaux et drôles qui racontent la Braderie de l’Art et ceux qui la font exister. Merci au Musée La Piscine, à toutes ses équipes et à Sylvette Gaudichon. Merci à celles et ceux qui nous ont prêté leurs œuvres et tout particulièrement à François & Marie Christiaens. Merci enfin à tous ceux qui ont rendu possible ce catalogue, et aujourd’hui cette version enfin visible de tous et toutes.

Au tout début de l’histoire
Il y a plus de trente ans Fanny et sa mère visitent une exposition. La mère remarque un des tableaux accrochés, dit qu’elle aime beaucoup ce tableau, qu’elle aimerait pouvoir l’avoir chez elle, pour vivre avec.
Fanny encourage sa mère à aller en demander le prix. La mère s’exécute et revient auprès de Fanny dépitée. « Le prix de ce tableau c’est plus que le salaire de ton père !! »
Effarement, démesure, impossibilité manifeste de pouvoir acquérir un objet d’art qui plaît, ici un tableau.

Anecdote du quotidien, l’idée va germer.

Fanny va trouver un moyen de permettre à chacun d’acheter de l’art… une œuvre avec laquelle chacun pourra vivre, un tableau, une photo, une sculpture…

Comment faire ? Fanny se tourne vers les artistes proches, les amis, ceux de ce début des années 90. Que l’art puisse débarquer chez soi, se payer de l’art sans se ruiner… Que le travail de tous ces artistes ne s’en trouve pas dévalué.

Surgit l’idée de la récupération : les artistes utiliseront des matériaux de récupération (matériaux, objets…) et composeront chacun avec son savoir-faire des œuvres d’art vendues à petits prix.

La récupération? Pour ne pas dévaloriser le travail d’artiste de chacun… le travail de l’artiste est là, qui s’exprime dans l’agencement des matériaux, dans la composition des objets, dans le détournement de la fonction initiale.

Chaque objet créé, réalisé est unique.

Trouver le moyen de faire se rencontrer le travail des artistes et le public, le grand public, les avertis et tous les autres surtout.

Acquérir sans périr sous le prix, de 1 à 300 euros.

Trouver son objet, saisir l’occasion et repartir heureux. [...]

L’exposition du thème :
accumuler
trier
récupérer
acheter
regarder
créer

Ceux qui touchent,
Ce qui s’entend,
Ce qui se voit,
Ce qui est fabriqué,
Ce qui est vendu, bradé, donné,
Ce qui est perdu,
Ce qui est rêvé,
Ce qui est nettoyé, embelli, restauré,
Ce qui est surveillé,
Ce qui est consommé,
Ce qui est bu, mangé, digéré, ruminé, englouti, savouré,
Ceux qui se remémorent,
Ce qui se répète à l’envi,
Ce qui nous appartient,
Ce qui meurt, oublié, abandonné, pas réalisé,

De la sueur, du nerf, du nerf et le sens de l’accueil, de la rigueur, de l’accueil bras grands ouverts, de la générosité d’être et de bouche, de la diversité, de l’offre,

N’être propriétaire de rien et acquérir dans le plaisir.

La foule,
La chaleur des radiants, les joues qui chauffent, rester couverts, venir à plusieurs pour partager, boire et manger ensemble.

C’est décembre, alors c’est toujours un peu la nuit, la magie de la nuit même (sauf pour ceux qui ouvrent les festivités),

On est là et on est ailleurs, c’est le début des festivités, les lumières, les cadeaux, les envies, se retrouver et partager,

Partager les goûts et les dégoûts, en rire,
L’odeur de la nourriture, l’attente au bar, on patiente, on a tout le temps, on s’éternise même quand on voulait juste passer,

©Sophie Stalnikiewicz
©Sophie Stalnikiewicz

Ceux du samedi, les premiers, ceux qui foncent, traversent l’espace. Ils veulent voir les débuts, assister au démarrage,

Ceux du soir, la nuit devant soi ou presque,

Ceux du dimanche, juste après le petit déjeuner, la chine pré ou post brunch en somme,

Ceux qui feront la fermeture, le dimanche après-midi avec les enfants ou pas, en famille composée et recomposée,

Marcher lentement, avancer et revenir sur ses pas, aimer la foule et n’en plus pouvoir soudain,

User son regard, s’arrêter pour regarder, perdre son temps et trouver son bonheur,

L’odeur de la nourriture par dessus le bruit, la rumeur des voix et des outils,

La nuit qui avance, jusqu’à 3h du matin, heure de la fermeture au public, Dormir peu ou pas du tout,

L’odeur du petit matin du 2e jour, le dimanche, et reprendre l’ouvrage

Marcher lentement, piétiner, l’art du « bradeux », regarder sans voir, être aux aguets, saisir la bonne affaire, s’arrêter longuement pour regarder faire, parler avec l’artiste ou de pas oser,

Tant et tant de tout, humains et objets confondus[...]

Dans le désordre des sentiments, des humeurs et des sensations

Récupération, travail en « live », matériaux, Emmaüs, recevoir, convivialité, voitures chargées, générosité, foisonnement, diversité, énergie, fierté, Roubaix, créativité, folie, La Piscine, brader, rassembler, bordel, populaire, gratuit, La condition Publique

Novateur : avoir pensé à ça, il y a 30 ans…

Convivialité : exiger la gratuité et la faire durer !! Mélanger les classes sociales et les tranches d’âge. Toutes les grandes familles du Nord sont venues à la Braderie de l’Art,

Continuité : garder le cap durant 30 ans, sur ces mêmes bases avec des évolutions dans les pratiques et les technologies,

Rencontres : des milliers d’artistes rencontrés, des amitiés qui se sont nouées, des couples qui se sont formés, ceux qui reviennent, ceux qui ont disparu. Des hommes et des pratiques. Jamais la Braderie de l’Art ne deviendra une foire exposition. La rencontre c’est ce travail en direct, ces dialogues entre artistes, entre artistes et publics…,

Instantané : la réflexion rapide, la réponse quasi immédiate, le travail artistique en live, pas de temps de pause artistique, ça marche, ça rate…,

Fierté : chez tous les membres d’Art Point M, la mobilisation des tripes. Quand les portes s’ouvrent au public, ce même frisson, le même qu’il y a 30 ans. Tous les ans cette émotion « on a vraiment réussi » quand le public court, chacun veut être le premier à découvrir, à s’étonner, à acquérir ce qu’il emportera...

La Braderie de l’Art est l’événement de coeur de Thierry, celui de la jeunesse, l’équipe mettait à l’époque le pied à l’étrier.
Le premier gros projet de cette équipe d’agitateurs,

©Sophie Stalnikiewicz

Énergie : du muscle, du jus, on ne perd pas son temps même si on travaille en famille, ça déménage, ça construit, ça monte et ça démonte, les échanges, les rigolades, les débriefings de visites d’ateliers, les accueils en tous genres, les couchers tard, les levers si tôt, zoner en birkenstocks et déjà au travail sur l’ordi, les semaines et les week-ends tous confondus, la force au travail et la vie toujours, la niaque d’y arriver, l’indépendance comme horizon,

Foisonnement et diversité : Art Point M a son univers, Art Point M a ses goûts, ses affinités artistiques, ses compagnons de route, sa famille, ses fidèles, mais cette bande va voir partout. La curiosité est une nourriture. Se déplacer et entraîner qui veut suivre, dans l’institution et hors l’institution. Produire des objets formatés et créer des évènements inclassables. Les riches, les prolos et tous les autres entre, peu importe, toujours une place pour chacun.

Merci les Roubaisiens !!

Geneviève Sabaté

Renaud Wailliez
©Renaud Wailliez

Nous avons sélectionné 29 oeuvres
parmi les centaines de milliers réalisées
durant ces 30 ans.

Le choix a été subjectif. Cependant cette sélection est le reflet de ce qu’est La Braderie de l’Art depuis ses débuts : des oeuvres sont créés en revalorisant des matériaux et objets destinés à être jetés dans une démarche éthique et esthétique. Les artistes produisent leurs oeuvres en direct face au public, ils les vendent sur place entre 1 et 300 €, l’art devient alors accessible au plus grand nombre. La braderie a pour slogan « L’Art à la portée de tous ».

Photos : Didier Knoff

ABDELLATIF MOUSTAD, 2000, France, Collection particulière
ANNE-MARIE VIN, 2008, France, Collection particulière
ANOUCHKA PODEVIN, 2004,France, Collection particulière
ANONYME, 2010, Collection particulière
ANONYME, Collection François & Marie Christiaen
ANONYME, Collection particulière
ANONYME, 1996, Braderie de l’art Barcelo, Collection particulière
ANONYME, Collection François & Marie Christiaens
ANONYME, Collection François & Marie Christiaens
ANONYME, Collection François & Marie Christiaens
ANONYME, Collection particulière
ANONYME, Collection François & Marie Christiaens
FABRICE MAES, 2019, France, Collection particulière
FRANCK GUIHAL, 2018, France, Collection particulière
JANSEN-SPANI, 2015, Belgique, Collection particulière
JEF AEROSOL, 1991, France, Collection particulière
KALBUT DSGN, 2017 ou 2018, Belgique , Collection particulière
KALBUT DSGN, 2017 ou 2018, Belgique, Collection particulière
LGH HENRY, 2017, Belgique, Collection particulière
LOUIS PERRIN, 1996, France, Collection François & Marie Christiaens
MAKUDY SALL, 2003, New York, Collection particulière
MOOGLI, 2018, France , Collection particulière
NOAH SHERWOOD, 1999, Royaume Uni, Collection particulière
OUSMANE MBAYE, 2012, Sénégal, Collection particulière
PASCAL BRUANDET, 1995, France, Collection François & Marie Christiaens
PHILIPPE HOLLEVOUT, 2004, France, Collection particulière
REGIS R, 2009, France, Collection Bertrand Danel
STUDIO STADLER, 2019, France, Collection particulière
SYLVAIN RISTORI, 2019, France, Collection particulière
TOMADA, France, Collection François & Marie Christiaens